l’hypnose et Les arts contemporains

​Des romantiques aux surréalistes, les artistes se sont inspirés de cette découverte du XVIIIe siècle et s’en sont servi pour inventer des formes nouvelles. Aujourd’hui, certains hypnopraticien, qui sont la plupart du temps aussi artistes, accompagnent d’autres artistes dans leurs créations.

Il y a près de deux cent cinquante ans, le médecin allemand installé à Vienne, Franz-Anton Mesmer (1734-1815), inventait l’hypnose.

On parle alors de «magnétisme animal». Cette découverte ouvre la porte à des gestes inconvenants, convulsions, passions, vapeurs, transes et autres manifestations dangereusement érotiques.

Voilà des tableaux spectaculaires du genre humain qui réunissent le jour (veille) et la nuit (sommeil), mettent en scène le corps et l’esprit d’une manière incontrôlable et mystérieuse.

Cette «dramaturgie de la guérison» libère le fluide universel dont la distribution contrariée dans le corps serait la cause essentielle des pathologies, estime le docteur Mesmer.

L’hypnose est le «nom moderne de la fascination», selon l’historien de l’art Pascal Rousseau, commissaire de l’ exposition savante au Musée d’arts de Nantes.

De Gustave Courbet à Auguste Rodin, de Salvador Dali à Fritz Lang, l’expressionniste cinéaste de Metropolis, des romantiques aux surréalistes, l’art y puisera ses ressources.

L’hypnose est omniprésente, volontairement ou inconsciemment, dans le champ de la création.

L’hypnose connaît aujourd’hui un net regain d’intérêt pour la culture scientifique et l’imaginaire populaire. Pourtant, peu d’attention est accordée au rôle qu’il a joué dans l’art.

L’hypnose couvre l’ensemble du champ des arts visuels et du spectacle : de la peinture à la sculpture, du cinéma à la performance, explorant l’intérêt des plasticiens, musiciens et danseurs pour les manières dont l’émotion est véhiculée dans un état de conscience modifié.

Durant quatre siècles les théories et pratiques de l’hypnose ont été progressivement adoptées par les artistes.

La puissance de l'hypnose dans la création

Par exemple, Franz Mesmer et sa caricature, un âne hypnotisant un patient,  Magnetic Tree , un arbre de quatre mètres de haut qui fait allusion à l’arbre que Puységur avait magnétisé et auquel les patients étaient reliés par des ordonnances pour guérir, ainsi que la référence à la beat generation et à celle de Brion Gyson Dreammachine , produisant un phénomène visuel dérangeant qui induit la relaxation, à la manière d’une séance d’hypnose.

Sans que nous en soyons conscients, nous baignons dans une culture profondément marquée par les phénomènes de transe et de somnambulisme.

Comment L’hypnose est utilisé dans l’art?

La préparation mentale

L‘hypnose de préparation mentale artistique optimise les performances de l’artiste, surtout en live (comme pour le sportif).

Des instrumentistes, acteurs, danseurs, performers etc. peuvent ainsi venir en séance pour gérer leur rapport au public, au trac, à la scène, à la mémoire, à la fluidité, à la concentration etc.

La créativité

L’hypnose pour la création, quant à elle, travaille sur la créativité, l’inventivité, l’exploration de matériaux, la création d’outils, pour construire un monde à offrir à l’extérieur sous une forme matérielle (film, livre, exposition, pièce de théâtre ou de danse, performance, création sonore etc.).

Envisager l’Art en Atelier de Peinture Intuitive faisant suite à un état modifié de conscience !

peintures en hypnose

Un véritable lâcher prise pour encourager l’Âme à s’exprimer, créer et diriger vos couleurs et vos mouvements . Un voyage à l’intérieur de votre monde intérieur et laisser libre cours à l’expression de sa créativité.

Voici le thème de cet Atelier exceptionnel, qui s’est déroulé à Epfig en Alsace, sous la Direction de l’Artiste Professionnel Axel Bertelle et d’un Hypno-thérapeute confirmé. Ils ont guidé dans cette expérience personnelle et artistique hors du commun quelques artistes prêts à tenter l’experience.

A chacun son objectif 

Avancer en peinture, chercher à débloquer un manque d’inspiration ou de concentration, ressortir un moment vécu, les images, les sensations, et le coucher en images sans aucune contrainte technique et d’ appréhension !. Ou tout simplement vivre un instant inoubliable dans la création spontanée.

Les spectacles

Catherine Contour est chorégraphe et danseuse, elle a été la première à développer ce qu’elle a parfaitement nommé « l’outil hypnotique pour la création », au service des créateurs, dans le champ de la danse contemporaine. Son travail personnel de chorégraphe est également en lien avec l’hypnose.

Certains spectacles mettent le public sous hypnose.

Dans ce concept, les concerts sous hypnose (Ericksonienne) ont été lancés par Geoffrey Secco et sont repris par d’autres praticiens.

Les concerts sous hypnoses sont une invitation à amplifier ses sens dans un seul et même objectif :

-ressentir la musique et en apprécier chaque vibration.

concert sous hypnose

Le praticien en hypnose et musicien alterne les suggestions et les sons, dans un voyage qui utilise les techniques Ericksoniennes . Geoffrey Secco et Kevin Finel ont d’ailleurs collaboré dans plusieurs concerts et dans un cabinet public.

concert sous hypnose

Accroître l’attention

Antoine Bioy, professeur d’université, chercheur en hypnose et praticien, explique que « L’hypnose est un état d’éveil paradoxal. 

L’individu est plongé dans deux activités très distantes : l’absorption de l’attention dans une tâche de travail, et la détente.

Et ce paradoxe accroît notre concentration et notre capacité de réception de l’art. 

Les shows d’hypnotiseurs de spectacle

A l’opposé des concerts sous hypnose, les shows des hypnotiseurs de spectacle utilisent une hypnose autoritaire et déploient l’armada du fascinateur.

Hallucinations, perte de connaissance, oubli du prénom ou du langage etc, ces effets hypnotiques sont au service de l’audimat, qui aime le spectaculaire, la peur, la magie.

Les hypnotiseurs qui font de la scène ont bien sûr des éthiques différentes selon les personnes.

Il existe des hypnotiseurs faisant des spectacles tout en veillant au bien-être de leurs sujets.

Entre les Ericksoniens et Messmer, il y a une large palette d’hypnoses permissives/autoritaires, conversationnelles/somnambuliques, centrées sur les besoins et les intentions du sujet / centrées sur le spectaculaire

A l’extrême du pôle « fascination », Les « hypnotiseurs de spectacle » utilisent l’hypnose autoritaire pour obtenir des effets.

spectacle d’hypnotiseur

Ces effets ne sont pas « ce qui convient au sujet » mais « ce qui convient au spectacle ».

Il peut donc y avoir des conséquences négatives sur le sujet, comme un trauma d’accident de la route vécu en hallucination, une angoisse suite à la perte d’identité par une amnésie, un problème musculaire suite à une utilisation du corps au-delà de ses possibilités, une honte qui perdure d’avoir réalisé un acte filmé difficile à assumer une fois sortie de scène.

Sous hypnose, nous faisons l’expérience de l’accident (d’avion, de voiture ou autre), ce qui peut laisser un trauma.

 Comment ça marche?

  • Des tests de suggestibilité poussés pour sélectionner les sujets les plus enclins à jouer le jeu.
  • Une préparation en hypnose profonde, avant la scène, pour poser des ancrages

    (« Quand je te serrerai la main comme ça tu tomberas dans un sommeil profond »)

  • L’autorité du fascinateur (ancrage sur sa personne, son regard, sa voix), vu partout à la télé, avec des émissions montrant des « preuves » de son efficacité et avec une position haute

    (Le Maitre qui n’a qu’à poser le regard ou la main pour que…)

  • Un accompagnement audio-visuel qui appelle le grandiose et le suspens: décor, musique, lumières et des commentaires appelant les croyances magiques
  • Et le désir des sujets de faire partie d’une chronique qui va faire des vues sur You tube ou le désir de vivre « un truc de ouf » ou le désir de réaliser un truc socialement inacceptable sans en endosser la responsabilité (laissée à l’hypnotiseur).

L’hypnose de rue

La street hypnose ou hypnose de rue recèle le meilleur comme le pire.

hypnose de rue

Hypnose de rue et étique

Le site français de référence relève autant les questions techniques qu’éthiques.

Le responsable du site Street Hypnose, Jean-Emmanuel Combe, s’est d’ailleurs formé à la PNL (Programmation Neuro Linguistique), l’hypnose thérapeutique et l’hypnose médicale.

Il prône la bienveillance et le respect au détriment du spectacle.

Des thérapeutes se forment aussi en street hypnose pour acquérir des outils rapides de l’hypnose classique ou font de la street hypnose pour promouvoir une association comme les hypnos du coeur.

La street hypnose peut donc être éthique et même devenir un outil pour les thérapeutes.

A l’inverse, certains « streeteux » sont des brutes sans scrupules qui ont appris des « trucs d’hypnose » sur You tube et qui aiment faire littéralement tomber les filles… 

C’est une pratique qui peut dégénérer, comme faire des malaises sur la voie publique après une séance mal maîtrisée.

Entre les deux… il y a les maladresses… car l’hypnose est un outil puissant et l’utiliser sans connaissance approfondie n’est pas sans danger.

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